Cette femme allongée sur un divan est offerte par sa nudité et son visage tourné vers nous. Le titre de l’oeuvre, signifiant « femme de harem », ainsi que les accessoires orientaux qui l’entourent suggèrent l’Orient sensuel. Mais cette femme est aussi discrète parce qu’elle ne montre que son dos et une partie d’un sein. Le thème du nu, majeur en Occident, était surtout lié à la mythologie depuis la Renaissance, mais Ingres le transpose ici dans un ailleurs géographique.
La soeur de Napoléon, Caroline Murat (1782-1839), reine de Naples, a commandé ce tableau en 1813. Il devait faire pendant à un autre nu, appelé La Dormeuse de Naples, détruit en 1815. La Grande Odalisque a été peinte à Rome où Ingres était arrivé en 1806 comme pensionnaire de l’académie de France. Il allait rester en Italie jusqu’en 1824 car son art déplaisait à Paris.
Ses oeuvres du Salon de 1806 (Caroline Rivière et Madame Rivière, musée du Louvre), puis ses envois de Rome (La Baigneuse dite Baigneuse Valpinçon et Oedipe explique l’énigme du sphinx, musée du Louvre) n’avaient pas en effet été appréciées. L’exposition de La Grande Odalisque au Salon de 1819 a confirmé l’incompréhension des critiques envers son style. On lui a en particulier violemment reproché son mépris de la vérité anatomique qui le distinguait de son maître Jacques Louis David (1748-1825).
Oeuvre visible au Musée du Louvre au département des Peintures : Peinture française