Au cœur battant de Paris, résonne depuis des siècles une devise qui incarne l’âme et la résilience de la ville : « Fluctuat nec mergitur ». Cette locution latine, qui signifie « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas », flotte tel un étendard au-dessus des tumultes de l’Histoire, rappelant la force indomptable de la capitale française.

L’origine de cette devise remonte au Moyen Âge, une époque où Paris, déjà une cité de commerce et de culture, voyait ses bateaux voguer sur les flots capricieux de la Seine. Les premiers témoignages de son utilisation apparaissent au XIVe siècle, inscrits sur les sceaux et armoiries des bateliers parisiens, qui formaient une confrérie puissante et respectée. Ces hommes, affrontant les tempêtes et les courants, trouvaient dans cette devise une source d’inspiration et de courage, un mantra pour affirmer leur détermination face aux éléments.

Une anecdote pittoresque nous transporte à l’époque du roi Henri IV. En 1594, alors que Paris était assiégée par les troupes de la Ligue catholique, la ville résista avec bravoure. Lors de la levée du siège, les Parisiens, en liesse, célébrèrent leur victoire en élevant des bannières arborant fièrement la devise « Fluctuat nec mergitur ». Un chroniqueur de l’époque nota avec admiration comment la ville, telle un navire dans la tempête, avait su garder le cap et ne pas sombrer.

Fluctuat nec mergitur

Au fil des siècles, la devise traversa les âges et les régimes, portant en elle le souvenir des épreuves surmontées et des victoires remportées. Pendant la Révolution française, alors que Paris était le théâtre de bouleversements profonds, « Fluctuat nec mergitur » résonnait comme un cri de ralliement, symbolisant la lutte pour la liberté et la justice. Les révolutionnaires, conscients de l’importance de ce symbole, le gravèrent sur des médaillons et des drapeaux, affirmant ainsi leur volonté de ne jamais céder aux forces oppressives.

En 1830, lors des Trois Glorieuses, cette devise trouva une nouvelle résonance. Les Parisiens, épris de liberté, se soulevèrent contre le régime de Charles X. Dans les rues, parmi les barricades, on pouvait voir des affiches et des bannières proclamant « Fluctuat nec mergitur », rappelant à chacun la force et la résilience de la ville. Un témoin de ces journées révolutionnaires se souvint avoir vu, au sommet d’une barricade, un jeune garçon brandir un drapeau frappé de ces mots, tandis que les combats faisaient rage autour de lui.

Plus récemment, en 2015, après les tragiques attentats de novembre, la devise prit une signification poignante et puissante. Sur les réseaux sociaux, dans les rues et sur les monuments, « Fluctuat nec mergitur » réapparut comme un symbole de solidarité et de résilience face à la barbarie. Les Parisiens, unis dans la douleur et la détermination, réaffirmèrent leur esprit indomptable, refusant de se laisser abattre par la terreur.

Aujourd’hui encore, « Fluctuat nec mergitur » demeure une devise vivante, inscrite dans le cœur de chaque Parisien. Elle rappelle que, malgré les tempêtes et les épreuves, Paris, tel un navire fier et résistant, continue de voguer sur les flots de l’Histoire, sans jamais sombrer. À chaque coin de rue, chaque pont, chaque monument, cette devise murmure l’histoire d’une ville qui, toujours, se relève et avance, fidèle à son destin.