Par une après-midi de l’année 1989, les promeneurs de Montmartre, en arpentant les ruelles pavées, sont attirés par une étrange apparition. Là, au détour d’un mur de la cité des artistes, une statue de bronze semble jaillir de la paroi. Le Passe-muraille, hommage à Marcel Aymé, prend vie sous les traits sculpturaux de Jean Marais, émergeant à demi du mur avec une expression figée et mystérieuse.
La Genèse d’un Héros Fantastique
L’histoire de Le Passe-muraille, publiée en 1943 dans le recueil éponyme, nous transporte dans l’univers singulier de Marcel Aymé. Dutilleul, modeste employé d’un ministère kafkaïen, découvre en lui un don extraordinaire : la capacité de traverser les murs. Ce pouvoir, d’abord utilisé pour se venger des mesquineries de ses collègues, le pousse rapidement vers une vie d’aventure et de cambriolages rocambolesques sous le pseudonyme de « Garou-Garou ».
La Statue de Jean Marais
C’est en 1967, au lendemain de la disparition de Marcel Aymé, que Jean Marais, son ami et talentueux sculpteur, décide de rendre hommage à l’écrivain en créant une statue. Le bronze final, inauguré le 25 février 1989, s’élève à 2,30 mètres de hauteur. Tête et buste partiellement dégagés, une main et une jambe émergent du mur, capturant ce moment étrange où le fantastique côtoie le réel. L’œuvre, située place Marcel Aymé, attire les regards curieux des passants, suscite des commentaires et devient un incontournable des selfies touristiques.
Anecdotes Montmartroises
Marcel Aymé, grand amoureux de Montmartre, a longtemps résidé rue Paul Féval puis rue Norvins, où il côtoyait Jean Marais. Ses récits, empreints d’une affection particulière pour ce quartier, sont souvent situés sur la Butte, témoignant de son attachement au charme et à la poésie décalée de l’endroit. On raconte qu’Aymé, lors de ses promenades solitaires, s’arrêtait fréquemment pour observer les artistes et les habitants, s’inspirant de leurs vies pour nourrir ses propres histoires.
Une Placette Poétique
La placette où trône Le Passe-muraille, plantée de cerisiers et jouxtant le talus du terrain de la cité des artistes, est un lieu de passage et de contemplation. À la jonction de l’avenue Junot inachevée et de la rue Norvins, elle offre une vue pittoresque qui semble suspendue hors du temps. Cette atmosphère bucolique et légèrement surréaliste est le cadre idéal pour rendre hommage à un auteur qui a su capturer l’essence même de Montmartre dans ses écrits.
L’Héritage de Marcel Aymé
L’auteur des Contes du chat perché, de La jument verte, de La vouivre et de Traversée de Paris, a habité au numéro 2 de la rue Norvins, dans un immeuble conçu par l’architecte Charles Adala. C’est dans ce cadre qu’il a côtoyé d’autres figures artistiques de l’époque, tel que Désiré-Emile Inghelbrecht, chef d’orchestre et compositeur français.
La statue de Le Passe-muraille est plus qu’une simple sculpture ; c’est une invitation à plonger dans l’univers fantastique de Marcel Aymé, à se perdre dans les méandres de Montmartre et à ressentir l’enchantement d’un quartier qui, à l’image de son illustre résident, reste éternellement jeune et mystérieux.
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