Lorsque ce tableau a été produit par Henri Matisse pour la première fois, dans l’édition de mai 1914 du journal Les Soirées de Paris, il s’intitulait La Glace sans tain, ou « le miroir sans argent », en référence à un dispositif appelé miroir Claude : le miroir foncé, rouge carré encadré dans l’image. De nombreux artistes ont utilisé l’un de ces miroirs légèrement convexes, de teinte foncée pour clarifier leurs compositions; une scène qui y est reflétée est moins colorée que la vie, ses éléments de composition étant accentués.

Quelque chose de proche de cet effet est visible ici dans les bandes verticales et horizontales structurées et la palette bleue froide que Matisse a peinte par-dessus d’autres couches de couleurs, dont certaines sont encore visibles. Au fur et à mesure qu’il simplifiait les formes, il les renforçait par des incisions et des éraflures, par exemple dans le nuage en haut à gauche.