Il fut peut-être l’un des photographes de guerre les plus célèbres et a couvert les plus grands conflits de son époque.

Hongrois, immigré, Endre Friedmann se jeta dans la photographie de reportage avec un talent, un brio, un courage qui ont fait de lui le père de tous les photojournalistes. En 1931, alors qu’il avait tout juste dix-sept ans, Endre fut arrêté en raison de sa participation aux activités hostiles au gouvernement conservateur de l’amiral Miklós Horthy.

Épais sourcils, yeux et cheveux noirs, lèvres charnues, son charme est immense. Il fait la connaissance de Gerda Taro, une étudiante allemande juive et anti-fasciste, qui d’assistante, devient photographe. Avec elle, il partage une romance. Au gré de ses rencontres, et constatant que ses photos se vendent mal, il décide de créer sa propre légende en 1935 en créant le personnage de Robert Capa, riche photographe américain connu des plus grands.

Paris fut de fait la résidence de Capa de 1933 à 1939 puis, après guerre, son camp de base. Le rédacteur en chef de Holiday, Ted Patrick, lui commande en 1952 des photographies destinées à illustrer un numéro spécial sur Paris. Capa partage ce travail avec quelques-uns de ses collègues de Magnum : Henri Cartier-Bresson, Chim et le jeune Dennis Stock. Ce numéro, dont les articles sont signés notamment par Irwin Shaw, Paul Bowles, Ludwig Bemelmans, Art Buchwald et Colette, est une ode romantique à la ville, plantant comme un décor propice aux aventures amoureuses, aux plaisirs de la gastronomie et à la découverte d’une histoire prestigieuse.

Il quitte l’Allemagne pour Paris, lorsque Adolf Hitler accéde au pouvoir. C’est dans cette ville qu’il rencontre dans les cafés de Montparnasse David Seymour et Henri Cartier-Bresson, avec qui il fonde quelques années plus tard la coopérative photographique Magnum. Il décide de franciser son prénom pour ne pas heurter les administrations, et se fait connaître sous le nom de André Friedmann.

Robert Capa émigre à New York rejoindre sa mère et son frère. Là, il est chargé par le magazine Colliers de couvrir le front d’Afrique du Nord en 1942. Il part ensuite en Sicile, suivre pour le magazine Life le débarquement des troupes alliées. Le 6 juin 1944, toujours pour Life, il est le seul photographe présent lors du débarquement allié en Normandie. C’est avec la première vague d’assaut qu’il arrive sur la plage d’Omaha Beach. Pendant plus de 6 heures, sous les bombes et entre les balles, il photographie la guerre au plus près. Aux côtés des soldats, il prend 119 photos. Malheureusement, un laborantin de Life, pressé par le temps (les photos sont arrivées juste avant le bouclage), ferme dans sa hâte la porte de l’appareil de séchage. L’émulsion des pellicules fond. Au final, il ne restera que 11 photos valables, mais assez floues.

Il s’illustre également dans la mode, avec Dior, avec la célèbre photo « Modèle portant une robe Dior sur les berges de la Seine », à Paris, en 1948.

Robert Capa a eu une liaison de deux années avec Ingrid Bergman, ce qui ne fut connu que des années plus tard lorsqu’elle publia son autobiographie. Il entretint une longue amitié avec Ernest Hemingway, qui s’est inspiré des photos de Capa pour écrire le livre « Pour qui sonne le glas ». Robert Capa a donné son nom à la promotion 2004 de l’Institut d’études politiques de Strasbourg. En janvier 2008, trois valises contenant de nombreux négatifs de Robert Capa, Gerda Taro et David Seymour, présumés détruits et dont la présence était soupçonnée à Mexico depuis 1995, ont été remis au Centre international de Photographie de New York fondé par Cornell Capa (1918-2008), frère de Robert.