Constantin Brancusi est né en Roumanie en 1876, dans un petit village d’Olténie aux pieds des Carpates, au sein d’un monde rural et archaïque. Très jeune il quitte son village natal et, en 1894, entre à l’Ecole des arts et métiers de Craïova où il est admis l’année suivante dans l’atelier de sculpture puis dans celui de sculpture sur bois. En 1898, il entre à l’Ecole des Beaux-arts de Bucarest. Il voyage ensuite en Europe et poursuit sa formation en 1904 aux Beaux-arts de Paris au sein de l’atelier du sculpteur reconnu Antonin Mercié.

A l’occasion de sa participation au Salon de la Société nationale des Beaux-arts à Paris, le critique Charles Morice le présente Constantin Brancusi comme « l’un des artistes les plus doués de sa génération ». Modigliani, Léger, le douanier Rousseau deviennent ses amis. Au cours d’un voyage en Roumanie, il propose d’élever un monument à la mémoire des héros de la Première Guerre. Projet qui se réalisera en 1938, après de nombreux voyages préparatoires.
Man Ray, qui s’installe à Paris, le conseille pour l’achat de matériel photographique.

La forme Brancusi est élémentaire, universelle et intemporelle. 

La sculpture de la Muse endormie (1910) est, à l’origine, le visage de la Baronne Frachon. Toute son expression se dilue dans la forme ovale de sa tête. Une fine sensibilité, d’une extrême douceur affleure à la surface de sa bouche, de ses yeux, mais aussi de ses cheveux. Un espace infime existe entre l’apparence du visage et sa disparition qui semble proche. « Ce n’est pas la forme extérieure qui est réelle, mais l’essence des choses. Partant de cette vérité, il est impossible à quiconque d’exprimer quelque chose de réel en imitant la surface des choses » La main de l’artiste s’est effacée pour laisser la place à la matière particulièrement pure du marbre ou du bronze. L’être contenu dans cette forme ovale semble s’ouvrir à la conscience du monde.

La sculpture de Mademoiselle Pogany (1912), qui est également une Muse, est l’ultime portrait, toujours de cette Baronne Frachon. Constantin Brancusi dit de son oeuvre : « Il me suffit de vous regarder vivre pour m’en souvenir. Baissez vos paupières, laissez-les se reposer sur vos yeux fermés. C’est assez pour m’inspirer » Le portrait de Mademoiselle Pogany qui est sculpté en marbre blanc apparaît comme une présence hybride mi-humaine mi-animale. Un même mouvement relie l’ensemble des traits de ce visage.