D’une richesse et de complexité, l’œuvre de l’américain Cy Twombly est dominé par l’expressionnisme. Abstraite sans l’être complètement, elle a un aspect intellectuel mais en même temps une dimension sensuelle et émotionnelle directement perceptible. Celui qui est considéré aujourd’hui comme un des plus grands artistes des dernières décennies est d’ailleurs resté longtemps incompris. Et pourtant, sa peinture suscite une émotion.

L’environnement familial du jeune Twombly semble avoir stimulé sa curiosité intellectuelle, développé sa sensibilité et son goût pour la peinture. Lorsqu’en 1952, à l’âge de 24 ans, il fait une demande de bourse pour voyager en Europe, il affirme vouloir « étudier les dessins des caves préhistoriques de Lascaux ». Il compte aussi visiter les musées français à Paris. L’artiste couvre de grandes toiles de peinture blanche ou crème qu’il parsème au crayon de petits signes, de lettres, de mots, souvent indéchiffrables.

L’aspect sophistiqué de son travail s’accompagne aussi d’une attention constante aux réalités vernaculaires, plus ou moins visibles, mais bien présentes. Doté d’un sens de l’humour et de la répartie peu commun, Cy Twombly, lorsqu’il le voulait, avait l’esprit très mal tourné. Dans toute une suite de dessins de 1981-1982, il inscrit l’expression « Private Ejaculations » tout en sachant qu’au 17e siècle ce terme désignait des prières courtes prononcées avec ferveur à intervalles fixes.

Nous savons également que la photographie a joué un rôle important dans son art et dans sa vie. Homme discret, même très secret.