Le Musée Yves Saint Laurent Paris expose l’œuvre du couturier dans le lieu historique de son ancienne maison de couture, à travers un parcours rétrospectif et des expositions temporaires thématiques présentées successivement.

En 2017, plus de quinze années après la fermeture de la maison de haute couture, s’ouvre le Musée Yves Saint Laurent Paris. Il occupe l’hôtel particulier historique du 5 avenue Marceau où naquirent durant près de 30 ans, de 1974 à 2002, les créations d’Yves Saint Laurent. Sur plus de 450 m2, une présentation sans cesse renouvelée, alternant parcours rétrospectif et expositions temporaires thématiques, valorise la richesse du patrimoine unique de la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent.

Le Musée Yves Saint Laurent Paris rend compte aussi bien du génie créatif du couturier que du processus de création des collections de haute couture.

Mais plus qu’un simple musée monographique, il se veut également le témoin de l’Histoire du XXème siècle et d’une haute couture qui accompagnait un certain art de vivre aujourd’hui disparu.

La scénographe Nathalie Crinière et le décorateur Jacques Grange, qui ont tous deux collaboré à de nombreux projets de la Fondation, ont repensé ses espaces d’exposition dans l’ambiance originelle de la maison de haute couture. Le Musée Yves Saint Laurent Paris est le premier musée de cette ampleur consacré à l’œuvre d’un des plus grands couturiers du XXème siècle à ouvrir dans la capitale de la mode.

« L’artisanat et la poésie »

Les robes Mondrian marquent le début du « dialogue avec l’art » que le couturier poursuit avec Pablo Picasso, Vincent van Gogh, Georges Braque, Henri Matisse, Fernand Léger ou Pierre Bonnard. Si dans ses collections, Yves Saint Laurent rend ainsi hommage à de nombreux artistes, c’est seulement avec le sculpteur Claude Lalanne qu’il collabore réellement, d’abord à l’occasion de l’automne-hiver 1969 avec deux robes particulièrement marquantes, et plus tard avec la création de nombreux bijouxsculptures qui accompagnent ses collections.

Cette création qui date de 1969 est de nouveau présentée lors du défilé rétrospectif de la carrière d’en 2002. Une véritable ode à la femme qui reste d’une incroyable modernité.

« Ce n’est plus le corps lui-même, mais le corps sculpté que les robes d’Yves Saint Laurent veulent mettre en valeur. S’il a divisé les spécialistes en proposant pour cet hiver ses robes à mi-mollet, il a, en revanche, fait l’unanimité avec ses robes de soir moulées »

Pour moi, elle a créé des bijoux et des sculptures que j’enroulais autour de mes mannequins. (…) Ce qui me touche en elle, c’est d’avoir su réunir dans la même exigence l’artisanat et la poésie. Ses belles mains de sculpteur semblent écarter les brumes du mystère pour atteindre les rivages de l’art.

« Révolutionnaire », c’est le terme utilisé par le Women’s Wear Daily pour qualifier la collection automne-hiver 1965 dont le style moderne et avant-gardiste marque les esprits. Ce succès s’appuie principalement sur une série de robes, inspirées des peintres Serge Poliakoff (1900-1969) et surtout Piet Mondrian (1872-1944). Pour son nouvel accrochage, le Musée Yves Saint Laurent Paris consacre une importante section à la présentation de cette collection et analyse son héritage au delà de l’histoire de la mode.

Pour cette présentation, le Musée Yves Saint Laurent Paris renouvelle également le reste de son parcours muséal. La partie consacrée aux modèles les plus emblématiques comme le smoking, la saharienne, le jumpsuit, le trench-coat, qui sont la quintessence du « Style Saint Laurent » est largement enrichie pour permettre aux visiteurs de mieux appréhender le caractère intemporel du vestiaire créé par le couturier. Pour la première fois, une section entière est consacrée à la photographie de défilé, à travers le travail du photographe Claus Ohm.

Au sein de sa plus vaste salle, le musée déploie une sélection de créations d’Yves Saint Laurent qui illustre la façon avec laquelle le couturier explore, tout au long de sa carrière, l’histoire de la mode. Il transforme les toges antiques des vestales en robes du soir drapées tandis que ses robes d’inspiration médiévale – dont la broderie rappelle la technique de l’orfèvrerie – restituent fidèlement les silhouettes des dames du Moyen Âge. Il en est de même pour les robes de la Renaissance, aux étoffes précieuses brochées de fil d’or, de celles du XVIIème siècle, montrant la richesse et le faste de la cour, des robes que les aristocrates et les courtisanes du XVIIIème siècle vont populariser ou encore des crinolines du XIXème siècle. Les modèles qui jalonnent le XXème siècle reflètent l’évolution de la société au travers des courants qui l’ont ponctuée, des années folles au style rétro des années quarante, leurs modernités apparaissant dans le geste créateur du couturier qui en donne une vision à la fois admirative et distanciée.

L’adresse