« Ces tours du World Trade Center m’ont appelé. Elles m’ont dit : Philippe, viens nous proposer quelque chose qui va changer notre vie.” Il a planifié pendant six ans son projet qu’il appelle le « crime artistique du siècle ». Un fil d’une soixantaine de mètres de long, sur lequel s’est promené Philippe Petit, le 7 août 1974, entre les toits des défuntes tours du World Trade Center. Huit allers-retours à 417 mètres au-dessus du sol : un exploit fascinant !

“On n’a jamais vu un oiseau en laisse”

Né à Nemours en 1949, il est happé par la grimpe tout petit. À 6 ans, ce fils d’une amoureuse du cirque et d’un aviateur. On lui offre jeune, une boîte de magie. Pour cet enfant rêveur et solitaire, qui pratique aussi l’équitation et l’escrime, c’est la clef d’un monde nouveau, qu’il fait sien. Le voilà prestidigitateur, puis jongleur. À l’adolescence, il découvre l’art du funambule qu’il apprend en autodidacte. « Tout de suite, cette corde avait une noblesse pour moi. C’est quelque chose de sublime. Une matière vivante. »

Avant de réussir ce coup de maître dans l’illégalité la plus totale et sans aucune sécurité autre que son sens de l’équilibre, Philippe Petit avait fait ses premières armes dans Paris, amoureux de la capitale, perché en haut de la cathédrale Notre-Dame de Paris quelques années plus tôt. Il reviendra d’ailleurs dans la capitale à plusieurs reprises, à l’opéra Garnier, à l’église Saint-Merri près du centre Pompidou ou encore à la tour Eiffel pour son bicentenaire en 1989. Les clichés ci-dessous donnent une idée de l’exploit que représentent ces traversées de Paris un peu spéciales.

« J’ai transformé ce morceau de câble et j’en ai fait une scène de théâtre. »

Depuis « ce coup” des tours jumelles, comme il appelle ses spectacles vertigineux, Philippe Petit a accompli plusieurs dizaines de traversées illégales et légales : les arches d’un pont à Sydney, les chutes du Niagara, les ailes du palais de Chaillot,  la Seine de l’esplanade du Trocadéro en direction de la tour Eiffel. On lui a passé les menottes plusieurs fois. Mais rien n’arrête ce matamore de l’impossible. “J’ai fait des représentations à 4,5 mètres du sol sur un fil de 11 mètres de long. C’était pour moi mes plus beaux spectacles…