Dégager les voies, créer des avenues, faciliter la circulation, assainir les rues, construire des égouts, apporter l’eau et le gaz «à tous les étages», voilà le grand œuvre du baron. Pendant la deuxième moitié du 19e siècle, Paris est éventré de part en part.
En nommant Haussmann préfet, Napoléon III lui montre un plan tracé de sa main des percées à réaliser. Ce plan a disparu dans l’incendie de l’Hôtel de Ville mais on peut le reconstituer dans ses grandes lignes. Trois priorités : la grande croisée nord-sud (rue de Rivoli, boulevards de Strasbourg, de Sébastopol, du Palais et Saint-Michel), la desserte des gares (boulevard Magenta pour la gare du Nord, rue de Rennes pour la gare Montparnasse, prolongement de la rue du Havre pour la gare Saint-Lazare) et la réalisation d’un boulevard circulaire à partir de la place de l’Etoile (boulevard Beaujon) et de la place de la Nation (boulevard du Prince-Eugène). Le boulevard Saint-Germain est le pendant, rive gauche, de la rue de Rivoli. Rive gauche également, le prolongement du boulevard Montparnasse par les boulevards de Port-Royal et Saint-Marcel et la liaison à la place de la Nation par le boulevard Mazas forme le boulevard circulaire sud. Ce schéma initial a été complété par la suite pour desservir le nouvel Opéra, les Halles (rue de Turbigo), les communes annexées en 1860 (avenue de la République, boulevard Barbès, rue des Pyrénées, avenue Daumesnil…) et aussi au gré des opportunités (percées liées au lotissement de la Plaine Monceau par les frères Pereire).
Le premier effet de ces travaux, aujourd’hui oublié mais auquel les contemporains ont été très sensibles, c’est l’éventrement du vieux Paris. Les photos de l’époque montrent l’importance des chantiers au cœur de la ville dans l’île de la Cité et du Châtelet à l’Hôtel de Ville ou à la Chaussée d’Antin qui sont, pour un temps, totalement dévastés. Plus fondamentalement, ces travaux et les démolitions qu’ils entraînent ont pour conséquence une valorisation de quartiers centraux populaires et un déplacement des populations pauvres du centre vers la périphérie : les nouveaux logements construits en bordure des voies nouvelles, moins nombreux que ceux qui ont été démolis, ne sont pas à la portée des plus modestes. Les préoccupations sociales de Napoléon III sont très loin d’être à la hauteur des besoins.
Le service du plan est dirigé par l’architecte Eugène Deschamps, nommé par Rambuteau. Ce service a en charge, outre l’élaboration d’un plan actualisant celui de Verniquet, le tracé des voies nouvelles, la délimitation des expropriations, et le contrôle des règles d’architecture. Le service de l’architecture supervise les architectes municipaux et ses architectes sont maîtres d’œuvre de nombre de ces bâtiments. Il est dirigé par Victor Baltard, l’architecte des Halles, assisté par Joseph-Louis Duc (architecte du Palais de Justice) et par Théodore Ballu, architecte des églises de la Trinité et Saint-Ambroise et de la reconstruction de l’Hôtel de Ville.
Haussmann fait appel à Jean-Charles Alphand pour diriger le service des promenades et jardins. Il travaille avec le jardinier Jean-Pierre Barillet-Deschamps et l’architecte Gabriel Davioud. Ce dernier est l’auteur, outre de nombreux édifices dans les bois de Boulogne et de Vincennes, du Théâtre du Châtelet et du palais du Trocadéro pour l’exposition de 1878. Eugène Belgrand dirige le service des eaux. On lui doit l’aqueduc de la Vanne et celui de la Dhuis, ainsi que le réservoir de Montsouris et le réseau des égouts de Paris.
Et le premier embouteillage boulevard Haussman le 15 janvier 1927. «Dès neuf heures, raconte le quotidien le Figaro dans son édition du lendemain, une foule dense stationnait aux abords du boulevard des Italiens et de la rue Drouot.» Des curieux ont investi les immeubles en construction et les échafaudages, «l’arrivée pimpante des gardes républicains casqués, bottés et de blanc culottés» met en joie les spectateurs…
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